Rencontre avec François Chidaine (AOC Montlouis)

François Chidaine Montlouis

Rencontre à Montlouis-sur-Loire avec François Chidaine, vigneron exigeant et artisan du renouveau de l’appellation.

 Un homme occupé

Ce jour d’octobre, rendez-vous était donné à 10h avec François Chidaine, dans son  chai situé à Husseau, petit hameau de Montlouis-Sur-Loire. Après plusieurs aller-retours entre le chai, son bureau et la cave d’élevage, je finis par trouver le vigneron, en pleine conversation téléphonique sur l’avenir de la viticulture ligérienne et de sa place dans un marché du vin de plus en plus mondialisé. C’est que François Chidaine est un homme occupé…

À la tête d’un domaine viticole de 27 hectares (20 ha à Montlouis, 10 ha à Vouvray et 7 ha à Chissay, en Touraine), il est l’une des figures de proue de l’appellation Montlouis-Sur-Loire et fait partie des premiers vignerons montlouisiens à avoir cru au potentiel du terroir exceptionnel qu’abrite l’AOC, quand la plupart des vignerons se contentaient de vendre leur vin en vrac à des négoces ou à quelques particuliers.

Portrait François Chidaine
François Chidaine dans son chai à Husseau

En effet, dès 1989, lorsqu’il s’installe à son compte, François Chidaine va identifier les différents sols et isoler certaines parcelles de manière à tirer le meilleur de chacune d’entre elles et ainsi élaborer des cuvées qui sont aujourd’hui devenues “des classiques” en France comme à l’étranger (« les Choisilles », « les Bournais », « Clos Habert »…).

Pour compléter son activité de producteur-récoltant, François Chidaine fonde en 2005 une activité de négoce de qualité (achats de raisin), en blancs et rouges de Touraine.

De plus, rejoint en 2000 par son épouse Manuela, le couple ouvre la même année sur les bords de la Loire à Montlouis « La Cave Insolite », caveau de dégustation des vins du domaine et espace de vente de vins sélectionnés parmi ceux de leurs amis vignerons de toute la France, avec qui ils partagent la même vision du métier et du vin.

Manuela Chidaine - vendanges 2016 à VouvrayManuela Chidaine en vendanges à Vouvray

Une vision d’excellence

Dans cette économie viticole où la concurrence des pays émergents et le dérèglement climatique rendent le métier de vigneron de plus en plus difficile, François Chidaine est convaincu que la seule façon de s’en sortir est de viser la qualité plutôt que la quantité. Mettre en avant l‘excellence des terroirs et le savoir-faire des vignerons Français pour faire face à des pays comme par exemple l’Australie, les USA ou encore la Chine, qui ont des capacités et des coûts de production (mécanisation, main-d’œuvre à bas prix) impossibles à concurrencer.

Ainsi, François Chidaine a décidé, depuis ses débuts, de pratiquer l’agriculture biologique, puis la biodynamie. Car c’est la vigne qui fait le vin, et celle-ci se nourrit dans le sol, d’où la recherche d’un équilibre naturel et d’une vie microbienne riche en sous-sol et en surface.

Chidaine - Logo sur fût de chêne

Rechercher l’excellence a un prix, et le domaine s’en donne les moyens avec toute son équipe : cela commence à la vigne avec tous les travaux qu’exigent l’agriculture bio et la biodynamie. Cela se poursuit avec des vendanges manuelles et un tri minutieux sur place, sur table vibrante. Enfin, cela se concrétise au chai et à la cave avec des fermentations effectuées grâce aux levures indigènes (contenues naturellement sur les raisins) sans ajouts d’intrants extérieurs manipulations

L’élevage se fait essentiellement en demi-muids, « les fûts de chêne historiques » de la Touraine, d’une contenance de 600 litres. Le parc contient seulement 10% de fûts neufs, de manière à « souligner » les vins plutôt qu’à trop les marquer : « Le vigneron n’est là que pour accompagner le vin et c’est bien l’expression du sol et du terroir que François Chidaine recherche dans ses vins, plutôt qu’un élevage trop marqué qui viendrait masquer ou maquiller le produit de la vendange. »

Un avenir assuré

Ces années passées à développer son domaine et à affirmer son style ont été ponctuées de belles rencontres avec des vignerons qui l’ont orienté ou inspiré dans sa façon de travailler. Parmi ceux-ci on peut citer Didier Dagueneau (Pouilly-Fumé), Henri Jayer (Bourgogne) ou encore François Barmès (Alsace). Des rencontres déterminantes qui ont menés François et Manuela Chidaine à intégrer dès le début des années 90 l’Union des Gens de Métier, « un groupement d’hommes libres des métiers de la terre, respectueux des équilibres de leur environnement ».

C’est dans cet esprit de partage et d’échange, que François Chidaine a accueilli en stage ou en formation de jeunes vignerons qui font déjà ou feront les grands noms de demain : Louis-Benjamin Dagueneau (Pouilly-Fumé), Jean-Baptiste Bonnigal (Touraine Amboise), Clément Nicolas (Jasnières, Coteaux du Loir) ou encore Marie Thibault (Azay-le-Rideau), salariée au domaine pendant deux ans avant de s’installer à son compte.

Du côté familial, l’avenir semble assuré puisque les deux enfants de Manuela et François, Alice (23 ans) et Pierre (20 ans), qui sont passés par le domaine, continuent à se former et font leur expérience chez d’autre vignerons, avant de revenir un jour, dans quelques années prendre la suite de leurs parents et ainsi continuer la belle histoire de ce domaine Montlouisien. Mais ça, c’est une autre histoire…